April 29, 2007

Vivre à Cagliari parmi les 8.284 immigrés

Parler d’immigration dans une terre qui a donné tellement d’enfants au monde (et qui continue à le faire) peut sembler un paradoxe; mais au cours des dernières années la Sardaigne aussi est devenue un point d’arrivée pour beaucoup d’étrangers, personnes qui ont trouvé une maison et un travail dans notre île et qui désormais sont devenus partie de la société sarde. Le phénomène a été en proportion beaucoup moins fort par rapport à la péninsule, parfois incomparable aux grandes métropoles italiennes, mais en tout cas a suivi sa propre évolution. Le flux des arrivées a commencé à augmenter à partir de la moitié des années 90: quand en Italie on avait délivré 729.159 permis de séjour, le nombre “d’étrangers sardes” était 7.888. Dix ans après en Italie les permis de séjour sont 2.786.340: le nombre a augmenté de quatre fois tandis que en Sardaigne il a presque doublé avec 18.368 permis, avec une incidence de 1,1 seulement sur la totalité de la population. Les étrangers sont pourtant devenus beaucoup plus “visibles” et ont enrichi avec l’arrivée de nouveaux groupes provenant de pays jusqu’à maintenant pas ou peu représentés, comme les chinois et les ukrainiens (ou mieux les ukrainiennes). Visibilité encore plus évidente à Cagliari, où il y a la concentration entre la ville et la province de presque la moitié de tous les étrangers, 8.248.

Il est intéressant de comprendre qu’est-ce qui se passe à l’immigré quand il débarque sur le chef-lieu régional. Les premiers à travailler avec ces nouveaux arrivés ne sont pas les forces de police mais souvent les volontaires du Centre d’écoute de la Caritas géré par le prêtre Marco Lai à Viale Fra Ignazio. Elena Pinna en est la responsable e a vu défiler devant soi, pendant une année de l’ouverture du centre, ouvert en juin 2005, environ 130 personnes, 130 histoires différentes: «Le premier devoir que nous avons est de comprendre quel problème a la personne qui est venue chez nous. Les thématiques sont celles communes à toutes les personnes qui ont quitté leur pays et se retrouvent loin: un endroit pour dormir, un travail, résoudre les pendants administratifs et les questions sanitaires. Quand on parle avec quelqu’un on l’oriente vers le spécialiste ou les services adéquats; après il y a des volontaires qui leurs donnent une assistance directe, médecins qui les visitent ou avocats qui fournissent explications à niveau bureaucratique. Il est important qu’ils comprennent que s’il tombent malades ils peuvent profiter de l’assistance sanitaire publique, même quand irréguliers; le médecin soigne, faut pas en avoir peur ». Du travail fait avec les individuels mais aussi des projets concrets parle une autre volontaire, Francesca Tibani: «C’est un travail dur mais engageant, fatigant mais passionnant. Cet année les enfants roumains des champs tsiganes de Viale du Commerce ont pu prendre le petit déjeuner, être emmenés à l’école et être suivis même dans l’après-école: travailler sur ces initiatives, permet de voir la réalité qui existe derrière la “façade” de Cagliari ».

L’étape suivante est la Questura (permanence centrale de la police), lieu où l’immigré régularise sa position. Les bureaux pour les étrangers pulsent d’espoir, peur, attente et frustrations; il y a odeurs, couleurs et visages différents et lointains mais tous ont le petit rêve de commencer une nouvelle vie dans notre pays. De la part de la Police, derrière la vitre il y a humanité et calme, suffisamment à faire disparaître les doutes des présents. Responsable en est M. Giacinto Mattera, qui explique qu’il n’y a pas de problèmes avec les immigrés à Cagliari: «Il n’existe pas de délinquance étrangère, il n’y a pas de problématiques particulières à souligner. Notre bureau travaille vite, nous délivrons les permis de séjour en 30/40 jours, exceptions faite pour les régularisations extraordinaires. La Questura exécute les décisions du Préfecte à niveau d’expulsions et d’accompagnements ». Mais pour les expulsions il faut éclairer une question législative à niveau national: en faite la loi 286 de 1998 n’explique pas comment se comporter avec un immigré dont la nationalité n’est pas connue. On a alors la situation d’immigrés qui doivent être expulsés mais ne peuvent pas l’être car on ne connaît pas le pays vers lequel les emmener; mais en même temps ils peuvent pas être emprisonnés parce qu’ils iraient seulement remplir les pénitenciers. « Quelques uns sont accompagnés aux CPT (centres de permanence temporaire) dans l’attente d’éclairer leur provenance, mais les CPT aussi ont une capacité de places limitée; la plus part simplement retrouve la liberté jusqu’au contrôle successif ».

Se trouver devant personnes qui risquent d’être expulsées après des années de permanence en Italie peut-être parce qu’elles n’ont pas temporairement un travail et ne peuvent donc pas renouveler leur permis de séjour, n’est pas chose agréable pour les forces de Police. Il y a en tout cas une nouveauté qui facilitera le travail et permettra en outre à l’immigré de ne pas se trouver directement en face à un policier le moment où il devra renouveler ses pratiques: c’est l’accord entre Ministère de l’Intérieur, Confédérations patronales, Postes Italiennes et Anci (Association Nationale des Mairies Italiennes). «Maintenant les activités bureaucratiques qui étaient de compétence de la Questura et de la Préfecture, pourront se dérouler aussi chez nous » explique Edoardo Bizzarro, secrétaire territorial de la Cisl pour les politiques sociales, qui ajoute: « On travaillera à côté des institutions à travers l’office Inas (Institut National Assistance Sociale), pour amincir toute l’activité et permettre à l’immigré d’être aidé en toutes les formalités auxquelles il doit accomplir; le choix des Organisations patronales est fait en raison de leur présence capillaire sur le territoire, ce qui signifie que renouveler la carte et le permis de séjour c’est plus simple pour l’immigré (l’ouverture de la pratique est à la charge de la Questura) ».

Le travail de la Cisl de Cagliari avec les immigrés commence en 1995 avec l’Association nationale Au-delà des Frontières, qui offre un guichet d’information pour acquérir les problématiques des étrangers et programmer en conséquence les activités qui peuvent être utiles. L’intérêt constant se développe ensuite à la naissance d’un guichet unique à l’intérieur de l’Organisation patronale, spécifiquement adressé aux immigrés et géré par M. Abdou Ndiaye, sénégalais maîtrisé à Cagliari à la Faculté de Sciences Politiques. « Le travail fait par l’Inas est très important: si l’Anolf s’occupe de la représentation politique des immigrés dans la société, l’Inas s’occupe de la tutelle individuelle, a un rôle technique et, chose très importante, entièrement gratuit. Nous, dans les bureaux de Via Ancona, aidons les étrangers pour toutes les formalités importantes, permis de séjour, assistance sanitaire, grossesse, tout problème de travail: pendant les premiers mois de 2006 on a déjà traité 400 cas ». Mais parler avec M. Ndiaye est utile de même pour qui n’est pas un immigré, tant pour ne pas tomber sur les clichés: on découvre alors que pour pouvoir vendre sur la plage pour les 5 mois de la saison estivale les sénégalais dépensent environ 550 euros de différentes licences et uniquement la force de la communauté unie leur permet de supporter ces coûts initiaux.

La vie des différentes communautés de Cagliari a un aspect ultérieurement intéressant. Il y a les sénégalais, dont Abdou Ndiaye est aussi le représentant, communauté unie et organisée même dans la proximité du point de vue religieux : les Mourides ont acheté collectivement une maison à Margine Rosso, devenue centre culturel, lieu de rencontre (de manifestations ouvertes au public), et mosquée. Si nous les italiens, avons commencé seulement il y a deux mois à faire voter nos co-nationaux à l’étranger, eux ils sont déjà à la quatrième élection à distance. Dans ce champs les tunisiens aussi sont actifs: en 2004 Abdel Azak Chabbani, représentant des inscrits au parti du gouvernement en Tunisie, avait organisé à Cagliari un siège pour tous les tunisiens résidents dans notre région. Il y a différentes initiatives, par exemple les activités communautaires des philippins, groupe économiquement bien positionné qui aime se retrouver chaque année pour disputer un tournois de basket sur les champs de l’Aquila: organisation impeccable avec maillots et coupes personnalisées à chaque année.

Sans doute le groupe qui fait plus peur est celui des chinois: dans les dernières années ils sont augmentés (aujourd’hui la première communauté étrangère de Cagliari). Barbara Onnis, sinologue de la faculté de Sciences Politiques, explique: «Le problème c’est qu’on n’a pas vraiment envie d’observer la ville, on ne fait pas une vraie analyse pour comprendre les phénomènes qui nous entourent: les chinois sont augmentés parce qu’ils sont rejoints par les familles, signe qu’ils veulent s’établir dans la ville. C’est vrai qu’ils se détachent du reste et même des autres groupes d’immigrés, mais c’est un comportement normal. A vrai dire il y a eu des cas de travaux en commun, par exemple les cours de langue mandarine pour enfants chinois résident à Cagliari, qui leurs ont permis de se rapprocher à leurs origines, sans se détacher de leur culture d’adoption (cours maintenant interrompus sans raison spécifique, ndg). Il faut dépasser les clichés et peut-être penser que si un chinois loue un locaux c’est parce qu’il y a quelqu’un qui lui l’offre, en gagnant bien ».

L’effort pour dépasser ces barrières est fait par la Préfecture. Et le vice préfet, Francesco Montefusco, qui nous parle des nombreuses activités du Conseil Territorial pour l’immigration, présidé par le préfet et capable à réunir tous les acteurs qui opèrent sur le territoire. «Au fil des années les initiatives se sont multipliées et deux en particulier, grâce à tant de travail, qui nous ont donné beaucoup de satisfaction en regardant les effets dans le temps: la création d’un centre pour l’immigration avec 12 médiateurs linguistiques (anglais, français, arabe, chinois, espagnol, russe, polonais et roumain les langues parlées), et le projet du Conseil Territorial pour l’immigration itinérante. Nous avons vu comment est différente la diffusion sur le territoire: marocains dans les campagnes, sénégalais et chinois plus visibles sur la route, philippins et ukrainiens plus cachés en travaillant à la maison. En se déplaçant nous avons rejoint les différentes réalités de la province, en connaissant groupes historiques ou arrivés depuis peu de temps mais qui contribuent, avec l’aide des maires et des autres actifs sur le territoire, à développer de plus en plus une connexion entre citoyens italiens et étrangers ». Une activité simple mais utile pour mieux se connaître et pour ne pas avoir peur, étant tous habitants d’une petite île.

Filippo Petrucci (traduit avec Marcella dalla Cia)

Cet article est paru originellement en italien dans le mensuel SardiNews, septembre 2006.

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